Traverser l'impalpable
Qu’il s’agisse de sa pratique de la photographie ou de la céramique, exercée dans le cadre de son Master 2 à la HEAR de Strasbourg, Tess Gilles s’intéresse tout particulièrement au rapport à la matière. Préférant la retouche manuelle à celle de l’ordinateur, c’est dans la chambre noire de son école qu’elle développe, d’une part, ses clichés argentiques, et affine, d’autre part, sa maîtrise du photogramme. Inventé au XIXème siècle, et redécouvert cent ans plus tard par le milieu artistique (Christian Schad, Man Ray…), ce procédé permet de déposer l’empreinte d’un objet exposé à la lumière sur un papier photosensible, sans avoir recours à un appareil.
L’étudiante use de cette technique sur des éléments semi-transparents, convertissant l’image en négatif pour en révéler les textures, au détriment de la forme. Ainsi, dans Traverser l’impalpable, Tess éclaire à divers degrés chaque partie de son cobaye-ours en peluche, notant méticuleusement les temps d’exposition, pour arriver au résultat escompté. L’expérience dévoile alors une image quasi abstraite, tantôt cotonneuse, tantôt inquiétante, à la frontière entre rêve et cauchemar